Histoire :Sen avait eu 17 ans une semaine plus tôt, il revenait d’une de ses balades hebdomadaire. Mais cette fois ci, il était parti plusieurs jours avec des rations.
Il entra dans le village. Kalos, cette cité moyenâgeuse où le jeune homme avait vécu paisiblement jusqu’à aujourd’hui. Il salua les gardes en faction à la porte principale. Il ne les connaissait pas beaucoup, mais depuis le temps que, chaque jour, il passait et les saluait, il les reconnaissait maintenant, et eux, souriaient à son passage.
Il passa donc et revenait chez lui, l’air joyeux, souriant, après une après midi de méditation devant un nouveau paysage. Des collines verdoyantes, qui maintenant reposaient sur sa toile de peinture enfournée dans la sacoche qui pendouillait à son flanc gauche. Avec tout son attirail de peinture.
Le jeune homme traversa les rues d’un pas tranquille. Mais une chose étrange vint rapidement frapper son attention : les rues étaient quasiment désertes. Le peintre entendant un brouhaha qui semblait provenir de la place principale décida d’y aller.
En effet une masse diffuse de personne s’y regroupait et parlementait. Ne voulant surtout pas y participer car il détestait la trop nombreuse présence humaine, il se contenta juste d’essayer de glaner des informations. Des femmes s’écroulaient au sol en pleurant. Des hommes donnaient des raisons à un malheur qui venait d’arriver.
-« Ca ne peut être que la colère d’un Dieu ! » prêcha l’un.
-« Les Dieux n’ont rien à voir avec ça, laissez-les où ils sont ! » répliqua un vieil homme.
-« Une malédiction s’est abattue sur notre village, il n’y a pas d’autre explication ! » dit un autre homme en couvrant les sanglots d’une jeune mère tenant son fils sans vie dans ses bras.
-« Ca ne peut plus durer, cela fait plusieurs jours que la population est ravagée par cette chose ! ».Un malheur ?
Sen n’attendit pas plus longtemps à essayer de décrypter cette cacophonie, il couru en direction de sa maison dans un coin reculé de la ville. Il n’eut pas de mal à y arriver, il connaissait par cœur les rues et ces rues étaient désertes.
Deux jours plus tôt, quelques décès avaient été annoncés dans Kalos, des nourrissons, enfants et vieillards. L’inquiétude était là mais personne n’y avait prêté grande attention. Une épidémie était assez courante ici. Mais cela restait assez suspect.
Le lendemain la maladie se propageait et causait de graves dégâts. Les hommes même étaient touchés.
Aujourd’hui, beaucoup de morts et presque tous étaient malades…
Sen était donc revenu dans l’apogée de cette chimère meurtrière. Dont il ne connaissait la présence que depuis quelques minutes. L’angoisse montait en lui, une sueur froide coulait le long de son dos. Il imaginait, ce spectre noir rôder dans les rues, et entrer dans sa maison avant lui. Et même s’il y arrivait avant lui, il n’y pourrait rien.
Il entra dans la maisonnée pierreuse. La pièce principale lorsque l’on y rentrée était vide. C’était la pièce qui servait à la fois de vestibule, de couloir qui desservait toutes les autres pièces, et de salle à manger et de cuisine. Sinon il y avait la salle des ablutions, très petite mais qui n’empêchait pas la cuisine de servir à se laver non plus, et deux chambres. Dans l’une dormait Nausicaa, la mère du jeune homme et anciennement Ulrick, son père, décédé il y a bien longtemps, et dans l’autre, plus petite, Sen et Eolia.
Nausicaa était une belle femme, assez grande, mince, elle possédait les yeux du ciel et les cheveux de la nuit. Issue d’une famille pauvre, elle avait un cœur en or, sa tendresse et son amour étaient loin d’être à démontrer.
A l’âge de 19 ans, elle a eu Sen, et trois ans plus tard, Eolia. Elle s’occupa de ses deux enfants et leur enseigna la vertu.
- Spoiler:
Ulrick quant à lui était un guerrier, un soldat qui n’était présent que rarement. Malgré les apparences il aimait beaucoup son enfant et venait le voir dès que c’était possible, c'est-à-dire deux fois par an…
Quand Sen avait 3 ans, il est reparti en guerre après une semaine de repos chez lui. On ne l’eut jamais revu.
Le jeune adulte jeta un regard circulaire dans la pièce inoccupée, haletant. Un coup d’œil à droite lui fit voir sa chambre par la porte de celle–ci grande ouverte, et apparemment personne n’était à l’intérieur. Tournant la tête violement à gauche, il vit Eolia par l’entrebâillement de la porte. Elle était accroupie près du grand lit.
Eolia était la petite sœur de Sen. Elle n’avait que trois ans de moins que lui et ils s’entendaient à merveille. Ils auraient été jumeaux, ils n’auraient jamais été aussi proches.
Elle avait de grands yeux gris et une chevelure d’argent -Sen s’était toujours demandé de quelle couleur était les cheveux d’Ulrick, car si sa mère avait les cheveux onyx, sa sœur opale, et lui émeraude… Un grand mystère capillaire était établi dans cette famille. La petite fille était la plupart du temps joyeuse et communicative. Elle rayonnait de vie.
- Spoiler:
A la vue de Sen, elle se leva et alla se jeter dans ses bras sans qu’il puisse poser une question ou même bouger. Elle l’étreignit fortement et son frère la souleva pour qu’elle atteigne sa hauteur.
Des sanglots soulevaient la poitrine de la fillette et Sen sentit rapidement un liquide tiède couler le long de sa nuque, de ses épaules et de son dos. Sur l’instant les yeux de jade s’écarquillèrent de stupéfaction et une inquiétude livide se peigna sur le visage de Sen.
Le grand frère se sépara de la petite avec douceur et la reposa à terre. Une angoisse montait en lui. Aucun bruit. Le silence avait pris ses droits, et l’adolescent n’eut pas le courage de la combattre. Il mit un pied devant l’autre de sorte d’approcher de la chambre maternelle. Le peintre regarda sa sœur qui balbutia quelque mot inaudible. Ses paupières se fermèrent comme lourdes, écrasant des gouttelettes qui commençaient à se former, qui finirent par s’effondrer sur les joues du jeune homme.
Il entra d’un pas lent, calculé, et anxieux.
Sa mère était là, allongée sur son lit, les yeux clos.
Des larmes continuèrent de couler, plus abondement.
Aucun souffle de vie. Aucun battement de cœur, aucune respiration.
La mort était passée. Et avait laissée derrière elle un corps sans vie en emportant son âme dans un nouveau monde rendant celui de Sen bien morose.
Le vieil enfant s’écroua sur place. Ses genoux frappèrent le sol, sa figure s’enfonça dans les couvertures sombres qui entouraient Nausicaa, et sa main saisit celle de sa mère. Froide.
Il la serra. Maudissant les Dieux. Et les priants.
Sen se releva brusquement. L’image d’Isaya venait d’apparaitre à lui. L’épouvante continuait…
Il regarda de nouveau sa sœur, qui tremblait étrangement…
Il sortit en courant de la pièce ténébreuse. Il eut l’impression que la faucheuse le regardait s’enfuir et souriait cruellement, pour enfin glousser un rire démoniaque.
Sorti de la maison, son cœur s’était transformé en bélier ardant voulant enfoncer sa poitrine.
Isaya… Ils s’étaient aimés. Et ne s’était jamais plus quitté. Ils s’aimaient. Il l’aimait. Plus que tout.
Dès qu’il l’avait vu, son cœur ne battait plus que pour elle.
Il leva son premier regard sur elle deux ans plus tôt à la fête de l’été, grande coutume célébrant et priant les terres.
Elle avait une taille similaire à Sen. Et sans vraiment pouvoir la décrire précisément, il la trouvait belle. Son regard rubis et ses cheveux fuchsia. Elle. Elle était magnifique.
- Spoiler:
A deux tablées différentes, Isaya avait tout de suite suscité l’attention du jeune homme.
Et pendant les danses, Sen avait réussi à l’emmener dans un endroit plus calme. Ils avaient parlé, avait fait connaissance sous un ciel étoilé…
Isaya…
La ville parut soudain très grande à Sen. La rue n’en finissait pas. Le temps s’était comme arrêté pour paraître infini. Les poumons en feu. Le cœur haletant. Il courait aussi vite qu’il pouvait.
Quand le garçon aux cheveux émeraude déboucha dans la bonne rue après avoir parcouru un labyrinthe pavé désert, il s’arrêta net à la porte en évitant de justesse de s’étaler. Il frappa enfin à la porte, hors d’haleine.
Personne ne répondit…
Il clencha, le porte n’était pas fermée. Il entra. Le silence, s’était le même que celui entendu quelques minutes plus tôt. Il fit pivoter cette porte massive sur ses gonds. Et vit. Un corps était sur le sol, les yeux révulsés et les membres crispés, avec une écume sanglante sur les lèvres. C’était la mère d’Isaya. L’arrivant pénétra dans toutes les pièces une à une. Ses craintes fondées le dévoraient. Mais il ne la trouva pas. Dans un sens cela le rassurait mais l’horrifiait.
Réfléchissant rapidement, il décida de se rendre à la taverne où elle travaillait.
Sa course effrénée contre le temps reprit de plus belle. Il y arriva finalement. Plusieurs cadavres gisaient sur les tables et au sol. Que s’était-il passé ? Comment cela avait pu arriver ci vite ?
On aurait cru que la foudre avait frappé tout le monde dans la vaste pièce, et qu’en un instant la vie avait été aspirée.
Partout dans le village c’était la même chose… La mort vagabondait et dévastait Kalos. Plus aucune âme vivante.
Le rythme cardiaque de Sen n’avait pas chuté et faisait vibrer ses veines. Ses tempes brillaient et la transpiration se mêlait à un nouveau flux lacrymal.
Il finit par la trouver, au sol, adossée contre un mur. Elle paraissait fatiguée. En voyant le jeune homme arriver, un sourire frêle se peint sur son visage et s’effaça rapidement remplacée par une toux de sang.
Elle murmura faiblement et ses lèvres se plissèrent insensiblement :
-Sen…Celui-ci ne répondit pas, il l’occulta de son regard inquiet à la recherche une blessure.
-… je t’aime…Cette fois il répondit, des larmes s’enfuyant de ses yeux et ruisselantes sur ses pommettes :
-Isaya, ca va aller, tu…Elle cracha. Des gouttes vermeilles sur le torse de Sen. Ainsi que son visage.
Son voix était presque inaudible, elle continua à parler, déterminée à terminer :
-J’ai… peur… mais sache … que… je t’attendrais… Sa colonne vertébrale se cambra violement, ses yeux se révulsèrent, sa main serrant celle du garçon aux yeux jade.
Sen sanglota et commença à murmurer :
-Nan … tu … tu ne peux pas … ca ne …Il attendit un instant et continua sur un ton suppliant, il y voyait trouble, et s’essuya les yeux :
-Reste… Reste ! Avec moi…Il la prit dans ses bras et finit par capituler après un très long moment immobile.
Il déglutit péniblement.
-Je t’aime…*
**
Longtemps après, Sen avait pris Eolia dans ses bras et avait quitté cette ville maintenant fantôme. Il avait enterré ses proches. Il n'avait pas parlé, "Je t'aime" avait été ses derniers mots.
Le ciel était devenu sombre. Et le jeune homme était persuadé que cette peste noire n'était pas une maladie ordinaire...
Depuis cette période Sen à confiée sa sœur de 14 ans à une vieille femme à Latone, et lui cherche un médecin pour la sauver en vagabondant dans le monde.
Il s’est aussi trouvé une voie religieuse. Il prie la déesse de la vie, Athéna Chronos, et ne jure que par elle. Il l’idolâtre et espère. Guérir Eolia… Néanmoins ce n’est toujours que de la croyance…
Et il cherche la baguette de la quintessence.
Résurection...